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CONVOYAGE ET SEJOURS A LA REUNION 21/07/06 -14/10/06

15/10/06 Jour J 16/10/06 J + 1 J + 2 J + 3 J + 4 J + 5 J + 6 J + 7 J + 8 J + 9 J + 10 à 11 J + 12-15 J + 16

Le 31/10/06 à 18h15 Maud à passée le Cap de Bonne Espérance. "La vie est belle"

Service Newsletter de Maud Fontenoy

dimanche 15 octobre 2006 - Jour J - Départ imminent pour Maud Fontenoy

C’est le grand jour pour Maud Fontenoy. La navigatrice s’élance ce dimanche dans son tour du monde à l’envers, contre les vents et les courants. A 14 heures (heure locale, midi heure de Paris), son bateau, l’Oréal Paris a quitter le ponton qui l'a accueilli sur l’Ile de la Réunion. Entre 15 heures et 15 heures 30, Maud coupera la ligne de départ (ligne virtuelle tracée entre le cap La Houssaye et la Boudeuse, un bateau de la Marine Nationale).

Des milliers d’enfants réunionnais sont venus dire au revoir à Maud, toujours soucieuse de faire partager son défi à ses Petits aventuriers. Les proches de la navigatrice sont avec elle pour l'accompagner jusqu'à la ligne de départ qui sera aussi celle d'arrivée dans 5 mois. Ils l'aident à mettre L'Oréal Paris dans les meilleures dispositions pour prendre le large. Ces instants sont toujours particulièrement forts pour ceux qui suivent le grand saut dans un défi maritime. Encore plus pour celui ou celle qui prend la mer. ''C'est toujours difficile de dire au revoir à sa famille'', expliquait Maud hier, en espérant que la flotte de petits bateaux qui va l'accompagner dans ses premiers miles nautiques ne sera pas trop insistante. ''J'aime plutôt partir sans me retourner''.

Ces derniers jours, Maud Fontenoy a du penser et repenser à ne rien oublier de ce qu’elle devait emmener à bord, aux derniers détails techniques pour que le bateau soit performant. Elle confesse que les dernières nuits ont été pénibles, sans sommeil. « Mais j'ai essayé d'éviter de penser à ce qui m'attend car les premières heures de navigation sont toujours difficiles et douloureuses ». Alors le skipper de l'Oréal Paris a essayé de profiter « des bons côtés de la Terre », tellement généreuse à la Réunion. Elle s'est achetée des fruits et des légumes qui vont lui donner un peu de réconfort pendant ses premiers jours de mer. Une période où l'on mange mal, où il faut s'habituer à dormir par tranches ! d'une demie heure, à être malade, bref à accepter une petite baisse de moral.

Mais après le Pacifique et l'Atlantique Nord à la rame, Maud a l’expérience de ces grands évènements. Après le stress de la préparation, les listes interminables de taches à réaliser, les centaines de coups de fil pour donner vie au projet, cap sur Madagascar puis Bonne Espérance.
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[15 octobre 2006]
Cap sur l’exploit


Photos : Frédéric Laï-Yu

Le top départ du tour du monde à contre-courant de Maud Fontenoy sera donné demain après-midi à 14 heures, du quai 8 au port Ouest. L’Oreal Paris a été minutieusement préparé par la navigatrice et son équipe. Le voilier se trouve dans les conditions optimales pour affronter les cinq mois qui devraient être nécessaires pour boucler cette navigation hors norme.

De l’eau salée coule dans les veines de Maud Fontenoy. Ce n’est qu’un bébé de sept jours lorsqu’elle embarque pour la première fois sur la goélette familiale et traverse l’Atlantique à la voile. Depuis, la jeune femme a la passion des océans chevillée au corps. Suivent quinze ans de navigation. À 25 ans, parrainée par Gérard D’Aboville, Maud est la première femme à réussir la traversée de l’Atlantique Nord à la rame et en solitaire en quatre mois entre Saint-Pierre et Miquelon et La Corogne en Espagne. En 2005, elle inscrit à son palmarès la traversée à la rame des 7 000 km de l’océan Pacifique en trois mois. Cette fois, Maud s’attaque à un autre Everest maritime, le tour du monde à la voile en solitaire et à l’envers. Elle en appréhende toute la dimension. “Depuis mon retour du Pacifique je réfléchis à ce projet”, confie-t-elle. “Je n’ai pas l’intention de m’attaquer au record détenu par Jean-Luc Van Den Heede depuis 2003. Je me lance un défi à moi-même et j’ai bien l’intention d’aller jusqu’au bout. C’est le seul objectif que je me fixe. Ce sera avant tout une victoire sur moi-même avec la profonde satisfaction d’avoir réalisé un rêve et d’avoir repoussé mon impossible. Ceux qui me connaissent ont coutume de dire que même en mer je garde les pieds sur terre”, ironise-t-elle.

UN DÉFI LANCÉ À ELLE-MÊME

“Il ne s’agit pas de témérité ni d’un saut dans le vide, les yeux fermés. J’ai mis le maximum d’éléments de mon côté. La victoire passe par un travail d’équipe très minutieux et une préparation sans faille. Toutes les solutions doivent être imaginées. Le droit à l’erreur n’existe pas. Je ne me fais aucune illusion. Ce ne sera pas une partie de plaisir.” Maud table sur cinq mois de navigation pour boucler son périple. “Un tour du monde d’Est en Ouest trace sa route contre les flux dominants, explique-t-elle. L’hémisphère Sud, contrairement au Nord, n’oppose aucune barrière naturelle aux systèmes dépressionnaires. L’absence de continent laisse d’immenses étendues aux trains de vagues, vents et autres systèmes pour se renforcer.” Sur la majorité du parcours, Maud va affronter des vents de face. “Ceci impose une navigation au près, donc du louvoyage, détaille la navigatrice. Entre la dérive du bateau et la perte due à l’angle au vent, ce tour du monde représente beaucoup plus de milles parcourus que la route directe. Aux allures de près, à remonter contre le vent, la vitesse du bateau sera réduite d’environ 50 % sans compter que chaque vague prise de face ralentit encore le bateau. Outre la plus grande longueur de la route -près de 30 000 milles nautiques- la vitesse réduite augmente encore la durée de la course.” Depuis plusieurs semaines, les préparatifs ont été minutieusement conduits afin de mettre L’Oreal Paris dans les conditions optimales. Les 39 tonnes du voilier ont été soulevées par une grue et ont passé une journée sur le quai 14 du port Est. Quatre peintres ont entièrement repeint les 80 m2 de la partie immergée de la coque. “C’est une peinture de carène, explique Philippe Sigoyer de l’entreprise Plastique service import. Elle est spécialement étudiée afin d’éviter que les algues, les coquillages s’accrochent à la coque. La vitesse du voilier s’en trouve augmentée.” Avant le départ, il a fallu conditionner à bord du voilier 500 litres d’eau potable, 400 kg de provisions essentiellement des produits lyophilisés mais aussi quelques bocaux de rougail-saucisses pour fêter les passages clefs du parcours. Des fruits et du pain frais agrémenteront les tous premiers jours du voyage.

Noël à bord

Pour le moral il y a le Dream Catcheur et le nez de clown rouge qui ont accompagné Maud lors de ses traversées à la rame de l’Atlantique Nord puis du Pacifique. Il y a aussi les messages sous enveloppes des proches à ouvrir à dates précises, au bout d’une semaine, d’un mois... et les cadeaux pour Noël que la navigatrice passera seule en mer. Maud a aussi emporté des livres et de la musique pour agrémenter sa solitude. Sur le plan technique tous les instruments vitaux comme la radio, le GPS, le pilote automatique sont doublés. “Il nous faut prévoir sur le long terme, explique le frère de Maud. Nous devons cerner les zones de faiblesse et les corriger. Maud aura la possibilité d’effectuer de petites réparations mais elle sera seule à bord et le voilier doit être en mesure d’affronter cinq mois de navigation dans les meilleures conditions.” Ce sont les prévisions météorologiques qui ont décidé de la date du départ. “Je tiens compte des prévisions à quinze jours, trois semaines, le temps qu’il me faudra pour atteindre et doubler le Cap de Bonne Espérance.”

Textes : Alain Dupuis


[15 octobre 2006]
Maud Fontenoy à l’heure des adieux

Quand vous lirez ces lignes, Maud Fontenoy aura peut-être quitté les rivages réunionnais. En tout cas, aujourd’hui à 15 h, son immense bateau se lancera pour le tour du monde à contre-courant. Pour accompagner celle dont il admire l’opiniâtreté et le goût de l’effort, Patrick Poivre d’Arvor, parrain de l’aventure, est arrivé à La Réunion hier matin. Ambiance.

Hier midi, au Saint-Alexis, une nuée de journalistes attend que Maud Fontenoy et Patrick Poivre d’Arvor leur accordent un petit moment. Objectif : capter l’état d’esprit de la navigatrice la veille d’un tel départ. D’ailleurs, on sent bien qu’elle ne vit pas un jour comme les autres, elle avait l’air ailleurs, préoccupée. Le plus normal du monde. A l’écart, elle envoie des derniers mails et n’a qu’une hâte : se retrouver dans ce qui va être sa vie pour cinq mois, son bateau. « C’est le moment de rentrer dans sa bulle », souffle une proche. « Elle préférerait d’ailleurs être dans son bateau à ce moment précis pour fignoler les dernières bricoles ». On apprendra par la même occasion que Maud pleure beaucoup au moment de quitter la terre ferme pour si longtemps. Du coup, elle ne souhaite pas que les vedettes l’escortent sur une trop longue distance. Elle nous avait confié auparavant que le plus dur c’est de dire « au revoir ». T-shirt, short, basket Patrick Poivre d’Arvor arrive enfin. A peine débarqué hier matin, le journaliste repartira demain soir. Le temps de soutenir et d’encourager la jeune femme avec laquelle PPDA partage la même passion pour la navigation. Entre accolades et confidences, les deux complices se prêtent au jeu des photographes sur la plage de Boucan-Canot.

Soutenue par Ségolène Royal « Une exceptionnelle démonstration de courage »

Hier A 17 h, Ségolène Royal en visite à La Réunion, s’est rendue au Port, lieu d’amarrage du voilier L’Oréal Paris. La tâche ne lui a pas été de toute facilité, sa tenue, une jupe courte à fleurs, ne lui a pas permis de se montrer très agile : pour monter sur le pont, elle a dû quitter ses chaussures et s’accrocher, telle une acrobate, à une échelle métallique scellée sur la paroi du quai. La prétendante à la candidature socialiste s’est exercée à des allusions politiques. Elle a reconnu avec le sourire que « si elle naviguait au portant dans l’opinion, elle affrontait aussi certains vents contraires au sein du PS et devait elle aussi tirer des bords pour maintenir son cap et atteindre son but ». En outre, la présidente de la région Poitou-Charentes a précisé que cette visite était « d’ordre privé » et qu’il s’agissait d’une réponse « à l’invitation de Maud Fontenoy ». Après des embrassades, Ségolène Royal a confié à Maud Fontenoy « son admiration devant son exceptionnelle démonstration de courage, sa confiance en soi et sa force intérieure dans la solitude de cette longue et difficile navigation autour du monde ». Cet exploit a d’autant plus de valeur « que c’est une femme qui l’accomplit ». Maud Fontenoy, PPDA et Ségolène Royal ont ensuite eu un entretien privé d’une demi-heure. Ils ont été rejoints par Patrick Rabin, vice-président de l’Oréal Paris.

Quatre questions à PPDA « Son sourire apaise tout »

Pourquoi avoir parrainé Maud Fontenoy dans cette aventure ?
Je la suis depuis toujours. Elle dégage un effet d’entraînement exceptionnel. Du coup, les enfants l’écoutent, les sponsors la suivent. Des aventuriers, il y en a plein, mais Maud avait quelque chose de charismatique. Par ailleurs, elle est très opiniâtre. Elle a un optimisme conjoncturel. Son sourire apaise tout, c’est ça que j’aime.

Qu’est ce qui vous touche chez elle ?
Ce sont des gens qui vont au bout de leur absolu. Ils mettent la barre à un certain niveau et ils vont essayer d’y arriver. Maud se décide et agit. A ma modeste échelle, je me suis imposé des choses à franchir, comme le marathon de New York. Dans ses objectifs, elle fonce, elle va tout faire pour réussir, et ce d’autant plus qu’elle additionne les obstacles.

Vous appréciez également le côté écologique de son périple ?
Oui, bien sûr. Les marins sont touchés par l’environnement depuis plus longtemps que les autres. Je me souviens d’une ancienne course où on avait essuyé deux dépressions. Les marins allaient déposer leurs mégots dans un petit sac plastique alors qu’il y avait des vents infernaux. N’importe qui d’autre les aurait jetés en plein milieu de l’océan. Pour venir aujourd’hui, j’ai eu la chance de survoler La Réunion. Et des gens profitent de jeter leurs réfrigérateurs dans la nature. C’est criminel ! Toujours est il que beaucoup se sont mis à l’écologie. Mon meilleur ami à TF1, Nicolas Hulot, alerte la population. Et si rien ne bouge du côté des décideurs, il menace de se présenter à la présidentielle. Il avertit les politiques.

Comment allez-vous suivre Maud dans son tour du monde ?
Je vais veiller au départ. J’ai trouvé le temps de venir un jour et demi malgré mon emploi du temps très chargé. Cela me ferait plaisir d’être là pour le passage du cap Horn. Et je reviendrai à La Réunion pour son retour.

D. F. B.



Photo Remi Ravon

JT 14/10/06 M6

Maud Fontenoy tente le tour du monde en solitaire
15.10.06 | 09:26

La jeune femme de 29 ans tente un nouvel exploit, cette fois à la voile, et non plus à la rame.
D éjà célèbre pour ses traversées de l'Atlantique et du Pacifique à la rame en 2003 et 2005, Maud Fontenoy va s'élancer, dimanche 15 octobre, pour un tour du monde à la voile en solitaire. La jeune femme de 29 ans partira de la Réunion pour une circumnavigation en solitaire, sans escale et sans assistance, d'est en ouest, contre les vents dominants.
Ce tour du monde "à l'envers", qui passe par les trois caps (Bonne Espérance, Horn et Leeuwin) contre vents et courants, est considéré par tous les navigateurs comme leur "Chemin de croix".

Vingt semaines
La navigatrice estime pouvoir boucler son périple, long de quelque 25.000 milles (47.000 km) en une vingtaine de semaines.
Maud Fontenoy a expliqué que sa démarche comporte trois dimensions : "humaine, écologique et pédagogique". "La mer est une école de vie, rien n'est acquis d'avance, ajoute-t-elle. Les océans couvrent les deux tiers de la surface du globe. Ils sont en danger. Il faut bien les connaître pour mieux les préserver. Ce souci est au coeur de mon projet pédagogique avec les enfants de CM1 et CM2 d'une centaine d'écoles en France métropolitaine et outre-mer", a-t-elle déclaré.

Visite de Ségolène Royal
La navigatrice a reçu samedi le soutien de la socialiste Ségolène Royal, en visite à La Réunion depuis jeudi. Samedi, la candidate à l'investiture du PS pour la présidentielle a rencontré Maud Fontenoy à bord de son voilier "L'Oréal Paris", amarré à Saint-Denis-de-la-Réunion.
La députée a affirmé que sa visite était "d'ordre privé" et qu'elle avait répondu "à l'invitation de Maud Fontenoy", au lendemain d'un meeting à Saint-Joseph qui avait clos la partie officielle de son voyage dans l'île française de l'océan Indien. Elle a dit à Maud Fontenoy "son admiration devant son exceptionnelle démonstration de courage, sa confiance en soi et sa force intérieure dans la solitude de cette longue et difficile navigation autour du monde".

Maud Fontenoy entame son tour du monde "à l'envers"
REUTERS | 15.10.06 | 13:46

SAINT-DENIS-DE-LA-REUNION (Reuters) - La navigatrice Maud Fontenoy a quitté la Réunion dimanche à 15h30 (11h30 GMT) pour un ambitieux tour du monde en solitaire et à contre-courant.
Après avoir traversé l'Atlantique nord et le Pacifique à la rame, en 2003 et 2005, Maud Fontenoy (29 ans) s'attaque à un défi considéré par les marins comme «l'Everest» des circuits de navigation.
Contre les courants marins et les vents dominants, à travers les quarantièmes rugissants et les cinquantièmes hurlants, elle devra doubler successivement le cap de Bonne Espérance, le cap Horn puis le cap Leeuwin, en Australie, avant de retrouver la Réunion dans une vingtaine de semaines, selon son objectif.
Son voilier de 26 mètres, «L'Oréal Paris», est l'ancien «Adrien » avec lequel Jean-Luc Van den Heede avait battu le record du tour du monde « à l'envers », en 122 jours, en 2003
. Sept navigateurs ont à ce jour bouclé un tour du monde d'est en ouest en solitaire et sans escale, dont une femme: la Britannique Dee Caffari, partie du cap Lizard en novembre 2005, avait retrouvé l'Angleterre le 19 mai dernier, 178 jours plus tard.
Samedi, Maud Fontenoy a reçu la visite et les encouragements de la présidentiable socialiste Ségolène Royal, qui passait une journée de repos sur l'île avant de regagner Paris.

Challenges.fr - L'Equipe

dimanche 15 octobre 2006 - Jour J - Maud est partie

Cette fois c'est parti, Maud s'est élancée pour son tour du monde. Il était 15h33'36 à la Réunion (13h33'36, heure de Paris) ce dimanche lorsque L’Oréal Paris a coupé la ligne de départ imaginaire, tracée entre le cap de la Houssaye et la Boudeuse, un patrouilleur de la Marine Nationale.

Un grand moment d'émotion. Maud était très entourée pour prendre la mer, très émue aussi. Le parrain de son aventure, Patrick Poivre d’Arvor mais aussi des amis, sa famille, étaient là. Des centaines de Petits aventuriers, ces enfants à qui Maud aime faire partager ses aventures marines lui avaient également réservé un cadeau de départ : ils ont chanté ensemble sur le quai « Hissez haut ». Puis il a fallu dire au revoir à Roch, son frère et préparateur du bateau, à Marc, son père, et à Aude-Justine, sa meilleure amie qui l'avaient secondée jusqu'à la ligne de départ. La foule, compacte, s'était massée sur le quai et une flotte composée par de nombreux kayaks de mer, des Optimist et des jets ski l'a suivie dès la sortie du port.

Il faudra une vingtaine de semaines à Maud pour boucler son périple. La ligne de départ de la Réunion deviendra alors ligne d'arrivée. Mais pour l’instant Maud fait route vers Madagascar avant de passer le cap de Bonne espérance.

Vidéos JT 15/10/06 _ ___________________________


Voile - Tour du monde en solitaire et à contre-courants
Maud Fontenoy est partie à contre-courant

article paru le Samedi 15 octobre 2006

Ce dimanche 15 octobre 2006, Maud Fontenoy a franchi à 15 heures 30 en baie de Saint-Paul, la ligne virtuelle du départ de son tour du monde en solitaire et à contre-courant. Son père, Marc Fontenoy, son frère Roch Fontenoy, et sa meilleure amie, Aude Justine, sont restés avec elle sur le "l'Oréal Paris" jusqu'au dernier moment. Leur émotion était palpable au moment de leur séparation. La navigatrice devrait être de retour à La Réunion en février ou mars 2007. La jeune femme a déjà traversé seule à la rame l'Atlantique et le Pacifique

15 heures 30 en baie de Saint-Paul, "la Boudeuse" le patrouilleur de la Marine nationale, active ses canons à eau et sa sirène. Maud Fontenoy est en train de franchir la ligne virtuelle du départ de son tour du monde en solitaire et à l'envers. Comprenez à contre-courant de la route habituelle. Les dizaines de vedettes, jet-skis et voiliers qui l'avaient accompagnée jusqu'à là, ralentissent et laissent filer le "l'Oréal Paris". Quelques minutes avant cela, Marc Fontenoy, le père de la navigatrice, Roch Fontenoy, son petit frère comme elle l'appelle, et Aude Justine, sa meilleure amie, avaient quitté le voilier à bord du zodiac de "la Boudeuse". Maud Fontenoy est maintenant seule avec l'océan. Elle ne peut cacher son émotion. «Nous avons essayé de raccourcir au maximum les adieux et de laisser le moins de place possible aux sentiments pour ne pas trop perturber, mais c'est dur de laisser partir sa sœur» commente Roch Fontenoy à son arrivée sur le patrouilleur de la Marine nationale.

«Elle doit pleurer»
Sans un mot Aude Justine regarde s'éloigner le bateau de sa meilleure amie qu'elle ne reverra que dans 5 mois. Marc Fontenoy est au téléphone portable. Il veut savoir sur quel canal radio il peut joindre sa fille. «Du coup, j'ai oublié mon portable sur le bateau de Maud» se rend compte Roch Fontenoy. Plusieurs GSM se tendent vers lui, pour le cas où il aurait envie de téléphoner à sa sœur. «Non, c'est trop tôt» décline le jeune homme. «Je ne vais pas l'appeler maintenant. Il ne faut pas que le départ lui laisse un trop mauvais souvenir. Elle aura trop de mal à l'oublier. Mais mère ne vient jamais sur les départs à cause de cela. On n'a pas besoin de se faire mal pour se dire qu'on s'aime. Son petit ami n'était pas là pour les mêmes raisons» explique Roch Fontenoy. Il a les yeux rivés sur la voile route du "l'Oréal Paris" qui rapetisse à l'horizon. «C'est vraiment dur de voir son bateau qui s'éloigne comme ça» répète-t-il. «Elle doit être en train de pleurer. Elle va le faire pendant deux ou trois jours. Elle fait toujours cela» ajoute-t-il en faisant allusion aux précédents défis réussis de sa sœur. À savoir la traversée en solitaire et à la rame de l'Atlantique en 2003 et du Pacifique en 2005. «Avant même l'Atlantique, elle avait déjà le projet de faire ce tour du monde» se souvient le jeune homme.

Projets pédagogiques
16 heures, "la Boudeuse" est de retour au port Ouest. Le quai 8 est presque désert. Seules restent les banderoles souhaitant bon vent et bonne mer à la navigatrice. L'ambiance n'a plus rien à voir avec celle qui régnait, il y a deux heures. Des centaines de personnes étaient venues assister au départ de Maud Fontenoy. Beaucoup d'enfants sont là. Notamment ceux des différentes écoles, celles du Port entre autres -, qui par Internet interposé vont suivre le long périple de la jeune femme. Ces élèves travaillent tous sur des projets pédagogiques en rapport avec le défi de la navigatrice et avec la protection de la nature. Car Maud de Fontenoy est une ardente militante de la cause environnementale.

«On est avec toi» à l'envers
Avant de la laisser monter sur le "l'Oréal Paris", les enfants lui ont chanté "Santiano". Ils ont aussi agité des dizaines de feuilles de cahier pleine de cœurs, de fleurs, de «bon courage Maud», «ne laisse pas tomber», «on t'aime» et de «on est avec toi». Ce dernier message a même été écrit, délicate attention, à l'envers par une petite fille.
Paul Vergès, le président du conseil régional - la collectivité soutient fortement le projet, Jocelyne Lauret, président du comité du tourisme de La Réunion (CTR) et Patrick Poivre d'Arvor sont également venus saluer la jeune femme. Le journaliste de TF1 est le "parrain" de la navigatrice pour ce défi.

«On fêtera Noël en février»
Ségolène Royal, la candidate à l'investiture socialiste pour la présidentielle, devait quitter La Réunion samedi soir. Elle est finalement restée. L'AFP (agence France presse) indique qu'elle est montée sur l'un des voiliers qui ont accompagné Maud Fontenoy jusqu'à la ligne de départ et qu'elle lui a souhaité «bon vent» au téléphone.
«Voilà, il n'y a plus qu'à attendre 5 mois. Nous fêterons Noël et le Jour de l'An à son retour. Chez nous la date importe peu. Il suffit que l'on soit ensemble» lâche Roch Fontenoy dans un sourire un peu crispé par l'émotion.
Rappelons que Maud de Fontenoy suivra une trajectoire Est - Ouest. Elle traversera quelques-uns des points maritimes les plus dangereux de la planète (le Cap de Bonne Espérance, le Cap Horn, les 40ème rugissants, les 50èmes rugissants etc). Son périple devrait durer une vingtaine de semaines.

______________________________ Texte et photos : Imaz Press Réunion >>15/10/2006 .

Aventure
Le dernier défi de Maud
Après avoir traversé à la rame les océans Atlantique et Pacifique, Maud Fontenoy a quitté la Réunion le dimanche 15 octobre 2006, pour un tour du monde à la voile sans escale et à contre-courant. Il lui faudra affrontrer trois océans et de nombreuses tempêtes avant de boucler ce périple. Reportage de Guy Abalain
Premier Jour - Premier coup de vent

lundi 16 octobre 2006 - Jour J + 1

En mer.
Maud Fontenoy L’Oreal Paris:
Premières 24 heures musclées

A peine la foule quittée, Maud Fontenoy n'a pas tardé à rencontrer le premier coup de vent de son tour du monde à l'envers par les 3 caps qui en comptera certainement beaucoup d'autres.

Malgré la fatigue des premières 24 heures en mer dans des conditions agitées, la pression du départ qui retombe, et un petit mal de mer qui l'empêche d'avaler quoi que ce soit depuis hier, Maud Fontenoy semblait ravie à la vacation du jour de s'être enfin lancée dans sa grande aventure. Pourtant, l'Océan Indien l'a cueillie à froid avec un coup de vent à 35 nœuds au près et une mer forte. A cela, sont venus s'ajouter quelques premières avaries qui l'ont obligée à bricoler et beaucoup manœuvrer.

Extraits de la vacation de Maud Fontenoy du lundi 16 octobre 2006 :

"Cette première journée a été dure. J'ai quitté La Réunion en short et tee-shirt et j'ai fait tout de suite le grand saut dans l'aventure. 35 nœuds en pleine nuit noire avec une mer forte ! J'ai pris deux ris dans la grand-voile, ce qui représente une heure de manœuvre sur le pont. J'ai dû ensuite me mettre un coup de pied aux fesses pour rentrer le solent et sortir la trinquette. J'ai un chariot de ris qui a lâché et la bordure qui s'est cassée. Cela n'a pas été simple de repasser un bout dans la bôme. Je suis donc un peu fatiguée physiquement, surtout que je n'arrive pas à m'alimenter. J'ai essayé de me reposer un peu, mais ce n'est pas facile avec ces conditions. Il y a en plus beaucoup de cargos et de pêcheurs. Je vais essayer de souffler un peu aujourd'hui car la météo des prochains jours annonce encore beaucoup de vent. Cela ne me rassure pas énormément. Sinon, le départ était fabuleux. Je n'avais jamais eu un aussi beau départ."

Petite précision en réponse à l'insistance du WSSRC. Maud Fontenoy n'a jamais prétendu établir un record et ne se comparera jamais aux grands marins qui ont réalisé un tour du monde à la voile d'est en ouest selon les règles du WSSRC. Cela étant dit, l'expression "tour du monde" appartient au langage courant - il n'y a pas qu'une seule façon de faire le tour du monde, à l'image de l'explorateur Mike Horn qui a réalisé un tour du monde par le cercle polaire. Maud Fontenoy, de son côté, s'est lancée dans un tour du monde par les trois caps.

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[16 octobre 2006]
Maud Fontenoy a mis les voiles


Photos : Frédéric Laï-Yu

Le port lui avait réservé un accueil triomphal à son arrivée, plusieurs centaines de personnes sont venues acclamer Maud lors de son départ pour son tour du monde à contre-courant et sans escale. L’Oreal Paris a largué les amarres à 14 h 10. Accompagnée un moment par son père, son frère et une amie, Maud visiblement très émue s’est retrouvée seule à la barre à la sortie de la baie de Saint-Paul. La navigatrice a a mis cap au sud. Elle devrait franchir dans une quinzaine de jours le cap de Bonne Espérance, premier jalon d’un voyage qui devrait durer cinq mois.


L’Oreal Paris tire doucement sur ses amarres au poste 8 du port Ouest de la Pointe-des-Galets sous les yeux d’une poignée de curieux sur le quai mais déjà Maud Fontenoy s’active à bord de son voilier. Dans quelques heures, la navigatrice va prendre la mer pour son tour du monde à contre-courant. Avec son père, son frère et une amie, Maud est entièrement absorbée par les ultimes préparatifs. La jeune femme s’isole un instant. Quand elle revient pour embarquer, plusieurs centaines de personnes se sont massées sur le quai dont des dizaines d’enfants qui brandissent des dessins et s’époumonent à lancer des cris d’encouragement. Visiblement très émue, Maud se confie : « Je suis triste de quitter mes proches, mais je suis déterminée à venir à bout de ce tour du monde à l’envers. Je suis particulièrement touchée par la vraie mobilisation de la Réunion. Les valeurs qui m’animent, le dépassement de soi, la volonté et l’amour de la mer qu’il faut préserver ont trouvé un véritable écho ici et cela me fait très plaisir. Je vais me retrouver très vite toute seule et je vais garder précieusement le souvenir de ces instants chaleureux. » À bord de L’Oreal Paris, Maud a emporté beaucoup de notre île. Parmi les provisions conditionnées à bord du voilier, il y a quelques bocaux de rougail saucisses et des bouteilles de rhum arrangé qui permettront à la navigatrice de fêter le passage des caps qui jalonneront son parcours. Au fur et à mesure qu’approche l’heure du départ, la tension monte. Pour cacher son émotion, Maud égrène quelques détails techniques. « Dans les premières heures de navigation, je vais être protégée par l’île. Selon la météo, pendant les trois premières heures le vent ne devrait pas dépasser trois nœuds. Dans la soirée, le vent devrait forcir et atteindre les 30 nœuds. Durant les premières 24 heures je vais affronter la houle. Il me faudra prendre mes marques et tenir le coup. » L’heure est venue de larguer les amarres. Les enfants tendent des dessins et entonnent soudain Santiano, d’Hughes Aufray. Au milieu d’eux, Maud a les yeux brillants. Elle trouve la force de soutenir Paul Vergès venu assister au départ et dont les genoux défaillent. Les cordages glissent le long de la coque. Maud est à la barre. Son père, son frère et une amie l’accompagnent pour les premiers milles. Sur le quai, les encouragements fusent : « Bonne chance, » « Bon courage », « Hip, hip hourra pour Maud ». Lentement, L’Oreal Paris vient se mettre dans l’axe de la passe du port de la Pointe des Galets. Le voilier glisse entre les jetées envahies par la foule. À l’extérieur, c’est une véritable petite armada qui attend Maud. Vedette de la SNSM, voiliers de toutes tailles, scooters des mers, la Boudeuse de la marine nationale forment une haie d’honneur. La navigatrice est déjà au travail pour hisser la grand-voile. Une véritable épreuve physique pour amener au sommet du mât cette surface de toile grande comme un terrain de tennis. « Ça va ? Pas trop fatigués ? », lance Maud, ironique, à ceux qui lézardent sur le pont des bateaux accompagnateurs. Le père de la navigatrice tient la barre. Son frère peaufine les derniers réglages. La grand-voile a atteint le sommet du mât. L’Oreal Paris accélère doucement. Vient l’heure des adieux. Le père de Maud est le premier à descendre dans le zodiac de la marine nationale. L’amie de la navigatrice suit. Maud serre fortement dans ses bras son frère qui à son tour quitte le voilier. Maud est désormais seule à bord à tenir la barre. Des larmes brillent dans ses yeux. L’Oreal Paris vient de doubler le cap la Houssaye. Le voilier s’enfonce à l’horizon. Une dernière vision celle d’une petite silhouette en ombre chinoise à l’arrière. Devant Maud 25 000 milles nautiques d’océan, 47 000 km et une vingtaine de semaines de navigation. Pour se réconforter, la navigatrice peut se dire que les Réunionnais seront sans doute encore plus nombreux sur le quai à son retour.

Textes : Alain Dupuis


16/10/10
MER & MARINE : Tour du monde à l’envers :
C'est parti pour Maud Fontenoy !


C’est à 13h33 en France et 15h33 locale, hier, que la navigatrice en solitaire Maud Fontenoy a franchi à bord de L’Oréal Paris la ligne de départ de son tour du monde à l’envers, contre vents et courants, depuis l’île de La Réunion. Patrick Poivre d’Arvor, le parrain de son aventure, sa famille, ses amis et de nombreux admirateurs l’ont accompagnée sur l’eau pour son grand départ sous un soleil radieux et un vent léger. A 14h15 locale, l’émotion était au rendez-vous sur les quais du Port au moment de larguer les amarres. Secondée par Roch, son frère et préparateur, Marc, son père et Aude-Justine, sa meilleure amie, Maud Fontenoy a quitté le quai sous les acclamations de la foule. De nombreux kayaks de mer, Optimist et jet ski l’ont suivie dès la sortie du port. Les conditions étaient idéales : grand soleil, mer plate et 5-6 nœuds de vent de sud-ouest. Déjà concentrée sur ce qui l’attend, Maud a tenu à hisser elle-même sa grand-voile de 170 m2. 45 minutes d’effort avant de dire au revoir à ses proches et de se retrouver enfin seule à bord de ce géant en aluminium de 26 mètres. « Ce qui m’attend va être difficile et douloureux. C’est un peu stressant. Je sais que les premiers jours vont être durs. La première semaine est une grosse étape dans ce genre de navigation. Ça l’a été lors de mes deux traversées à la rame. Ce sont des moments où on est un peu malade, fatigué, déshydraté, très stressé. Il faut gérer en plus une baisse de moral complète car on vient de quitter son entourage et ses habitudes. Je vais devoir m’adapter à un rythme de sommeil assez difficile, par tranches d’une demi-heure. Je vais devoir me ménager, être la plus prudente possible et anticiper les manœuvres », expliquait la navigatrice avant son départ.

Premier coup de vent cette nuit

L’Oréal Paris, qui n’est autre que l’ancien Adrien de Jean-Luc Van Den Heede, a franchi la ligne de départ au nord-ouest de La Réunion, entre le cap de la Houssaye et La Boudeuse, le patrouilleur de la Marine qui s’est illustré le mois dernier en sauvant 46 personnes d’un naufrage au large de Mayotte. La Boudeuse, ainsi qu’une vedette de la SNSM et une trentaine de plaisanciers ont accompagné la navigatrice lors des premiers milles de son tour du monde. Devant l’étrave de L’Oréal Paris s’étendent les Océans du Sud. A commencer par l’Océan Indien jusqu’au Cap de Bonne Espérance, puis l’Océan Atlantique jusqu’au Cap Horn, l’Océan Pacifique jusqu’à la Nouvelle-Zélande avant de retrouver le plus redouté de tous, l’Océan Indien, et de boucler son tour après environ 15 000 milles contre vents et courants, soit environ cinq mois de navigation. Pas le temps de s’amariner. Dès la première nuit, un premier coup de vent de force 7 attendait Maud au large de l’île de la Réunion. « Je sais qu’elle ira au bout, elle en est tout à fait capable. Si elle n’y arrive pas, c’est qu’elle aura eu des soucis techniques. C’est une aventure un peu folle, mais je l’admire pour tout ce qu’elle fait, ce qu’elle a le courage d’entreprendre. Beaucoup de gens aimeraient faire des grandes choses mais n’osent pas. Elle, au moins, a le mérite de tout faire pour y arriver », estime Roch Fontenoy, frère et préparateur de Maud.

mardi 17 octobre 2006 - Jour J+2 - Départ difficile

Ce journal est dédié à l'équipage de la Boudeuse

Premières heures, premiers jours douloureux ; la rupture est de taille. Je viens de quitter des milliers de personnes venues me dire au revoir, un monde où je n'ai cessé de courir, de téléphoner, d'organiser des centaines de choses, pour me retrouver maintenant face à moi-même et à l'immensité, seule…..et pour longtemps.

J'ai beaucoup pleuré, beaucoup vomi, mon corps se révolte et tremble de partout. Quelques heures à peine après mon départ nous sommes rentrés dans un tunnel, la nuit était si sombre, 35 nœuds de vent, une mer forte et le bateau qui enfourne. J'ai pris deux ris dans la grand voile, installé la trinquette, me suis fait violence et serré les dents pour ces manœuvres qui m'ont pris plus de deux heures. Je pense à vous, aux enfants qui suivent l'aventure dont les photos et les dessins sont partout dans L'OREAL, et puis je sais qu'il faut passer par là, que ce déchirement est nécessaire : aucun rêve ne se réalise sans effort.

Je vous embrasse, Maud______________________________________________________________


[17 octobre 2006]
Premier jour de mer chaotique pour Maud Fontenoy

Maud Fontenoy, partie dimanche après-midi du Port, a passé une première journée difficile à bord de L’Oréal-Paris entre gros vents, fatigue physique et incidents techniques.

« La première journée a été un peu dure. J’avais à peine quitter la foule qu’il y avait 35 nœuds de vent en pleine nuit avec une mer forte », a dit Maud Fontenoy, hier lors de son point radio diffusé sur son site internet. Un peu angoissée par sa nuit, elle avoue « ne pas encore » s’être « alimentée depuis qu’elle est partie ». « J’ai vomi tout ce que j’ai mangé sur terre ». « Je n’arrive rien à garder donc je vais essayer de ne pas trop me déshydrater. Ça implique que je suis un peu crevé physiquement et j’ai hâte de pouvoir me mettre dans le rythme car après la rupture avec tous ceux qui étaient venus me dire au revoir ». Hier encore, malgré un temps plus clément, elle ne semblait pas encore en pleine forme : « J’ai du mal à avoir envie de manger des fruits. Je crois que j’ai vraiment envie de ne rien manger et tout ce que je mange mon corps ne l’accepte pas. J’essaie surtout à me forcer à boire quelques gorgées d’eau », a-t-elle expliqué. « C’est vrai : j’étais très mal, je tremblais de partout, j’étais vraiment très angoissée. Ça a été une nuit un peu douloureuse. Aujourd’hui, il ne fait pas trop moche donc ça m’a permis de souffler un peu plus », dit-elle. Pourtant les vents qui lui sont annoncés pour ces prochains jours devraient lui laisser peu de répits. « C’est vrai malheureusement, la météo que je vois de ces prochains jours il y aura beaucoup de vent aussi donc ça me rassure pas énormément. » En plus de ces problèmes physiques, Maud Fontenoy a dû faire face aussi à quelques problèmes techniques : « Je me suis un peu fait surprendre par le vent », affirme la navigatrice. « Puis il y a eu deux-trois petits pépins notamment la bordure qui a cassé, la bordure qui tient la voile sur la bôme. Donc, j’ai dû faire une bidouille pour repasser un bout dans la bôme. » La jeune femme de 29 ans a également dû faire attention aux différents bateaux qui sont nombreux entre La Réunion et le sud de Madagascar. « Il y a quand même beaucoup de cargos et de bateaux de pêche dans les alentours, a-t-elle expliqué. Il faut faire attention à ne pas percuter quelque chose. » « Mais bon, le rythme ne m’étonne pas, j’ai subi ça dans mes différents défis, je sais que la première semaine est un gros morceau à passer et puis après, ça sera la gestion des dépressions, des tempêtes, ça sera autre chose encore mais je serai peut-être plus adaptée au bateau. J’ai vraiment hâte de rentrer à fond dans ce défi. »

« Le départ a été fabuleux »

Maud Fontenoy est revenue, hier à bord de L’Oréal-Paris sur son départ la veille au Port : « Le départ, ça a été quelque chose de fabuleux parce que j’ai jamais eu un aussi beau départ dans mes différents défis », a-t-elle précisé. « C’est vrai que c’est un mélange. Un immense bonheur, une immense joie. Je me suis remplie les batteries de toute l’énergie que peuvent donner les autres. Mais c’est aussi une pression énorme qu’on a sur les épaules, on aimerait des fois se faire petite souris et partir tout seul, tout tranquillement, sans que personne vous regarde. Et ce qui a été douloureux, c’est tout simplement quitter beaucoup de personnes que j’aime et que j’ai à terre. C’est toujours un grand vide après les milliers de rendez-vous, les téléphones qui sonnent et les enfants qui crient. D’un seul coup, ça a été un peu une déchirure. »

mercredi 18 octobre 2006 - Jour J+3 - Quelques soucis

Ce journal est dédié à Amandine

Petit bilan :
Au niveau du bateau : la bordure de grand voile a lâché et u chariot de grand voile s'est détaché ; les réparations sont faites. Pour le reste, ça baigne pour lui.

De mon coté : je me suis cassé un orteil du pied gauche dans une manœuvre, mon pied est resté coincé.
A part ça, je me nourris de petites bouteilles d'aliments liquides (j'aime bien le parfum fraise, vague souvenir des fraises tagada). J'ai passé toute la nuit à surveiller les cargos et l'angle du vent pour que L'OREAL ne change pas de cap tout seul. J'ai dormi par tranches d'une heure, ma lampe torche serrée dans ma main.

Les photos de ma famille sont maintenant accrochées dans ma cellule de vie. Les larmes me viennent encore….et dehors, il pleut toujours.
Je pense à vous.
Bisous, Maud

PS : Un geste pour la planète. A la cuisine profiter de l'inertie. Les plaques de cuisson électriques continuent de chauffer durant 15 minutes après extinction (sauf les plaques à induction) : cette chaleur entièrement gratuite mérite d'être utilisée lors d'une cuisson longue.

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jeudi 19 octobre 2006 - Jour J+4 - Répit trompeur

Dédié à Raymond LAURET

Nous voilà pour quelques heures dans une zone plus calme. J'en profite un peu pour faire le point et ma reposer un peu. Je sais pourtant que ce répit est trompeur.
L'océans semble se poser une seconde pour mieux reprendre sa respiration, j'ai le sentiment que nous sommes tous les deux dans les starting blocks prêts à bondir. La mes ronronne sous la coque de L'OREAL mais je me laisse pas déconcentrer. Mon corps courbaturé, couvert de bleus gros comme le poing, se souvient des derniers jours ; je reste vigilante.

L'air est lourd, le ciel couvert, la lumière opaque. L 'immensité qui m'entoure semble m'épier. L'incertitude, l'inconnu, est à son comble.

Je ferme les yeux pour reprendre des forces.
A demain. Je vous embrasse.
Maud

PS : Un geste pour la planète. Pour laver ma voiture je vais dans les stations de lavage. Laver sa voiture devant la maison, c'est envoyer directement dans les égouts ou dans la nature les hydrocarbures, les graisses ou autres solvants. Les centres de lavage spécialisés sont équipés de bacs de décantation qui traitent ces éléments polluants. Attention cependant car c'est facile de se laisser aller à la surconsommation d'eau dans ces centres. Il faut rester vigilant

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jeudi 19 octobre 2006 - Jour J+4 - Première vacation

11h30 au Musée de la Marine. Le téléphone sonne, c'est Maud. La navigatrice participe à sa première vacation, un rendez-vous hebdomadaire qu'elle honorera tous les jeudi tout au long de sa traversée. Les élèves de la classe Louis Hachette du Plessis Robinson sont assis, petits papiers en main prés à poser leurs questions.

Maud navigue actuellement au Sud de Madagascar. " Je suis au tiers du chemin vers le Cap de Bonne Espérance où j'espère arriver dans 10 jours ", explique-t-elle. " J'essaie toutefois de ne pas trop regarder la distance parcourue, ça me rappelle tout ce qu'il reste à faire…. " 20 nœuds de vent, le bateau qui file à 10 nœuds, et une pluie battante, la météo n'est pas très clémente avec L'OREAL PARIS. Mais Maud a le moral même si elle doit s'adapter à ce nouvel environnement. " Le corps n'est pas encore habitué donc il encaisse jour après jour ". Son orteil cassé pendant la manœuvre ? " Ce n'est pas le plus important, je ne fais rien. Sinon j'appelle Maman à terre et je lui raconte ce que j'ai. C'est aussi efficace qu'un médicament ", raconte Maud.

Les images de départ sont encore fraîches. Maud raconte ce sentiment bizarre lorsqu'on passe de tout à rien, "les coups de fil, les milliers de personnes sur le ponton le jour du départ et une heure après on est toute seule. " Le ciel toujours imprévisible. " Je reçois un fichier toutes les 48 heures mais tout à l'heure j'ai pris un coup de vent subite. J'ai du courir partout ".

Les Petits aventuriers de Louis Hachette, bien sages, prennent alors la parole, un peu impressionnés. Noémie, 10 ans : " Maud comment tu décides ce que tu fais dans la journée ? " " Eh bien comme toi Noémie s'il pleut dehors tu ne vas pas jouer dans le jardin. Moi c'est pareil la météo détermine mes manœuvres et mes choix ".

Le skipper de L'OREAL PARIS découvre donc les premiers jours d'une aventure en solitaire sur un grand bateau, elle qui a traversé les Océans à la rame. " La différence avec un bateau c'est qu'à la rame je pouvais m'arrêter, faire une pause. Ici je ne peux pas. Rien que de réduire la voilure ça prend une heure ".

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jeudi 19 octobre 2006 - En mer. Maud Fontenoy, L’Oréal Paris, au sud de Madagascar

Après quatre jours de mer, L’Oréal Paris a déjà parcouru plus de 750 milles depuis le départ et se trouve actuellement au sud de Madagascar. Le vent s’est légèrement calmé, mais Maud Fontenoy navigue toujours au près, cap au sud-ouest, à l’approche du 30e parallèle Sud. L’état de la mer et la rudesse de son grand monocoque mettent la jeune femme à rude épreuve, d’autant qu’elle n’arrive toujours pas à s’alimenter correctement et s’est cassé un orteil. Mais les souvenirs du magnifique départ de la Réunion et de l’enthousiasme de la foule égayent toujours la navigatrice et la motivent pour la suite qu’elle devine difficile.

Un coup de vent de force 8 la première nuit. Un mal de mer qui l’empêche de se nourrir normalement. Le stress du départ et du trafic maritime important. Et maintenant un orteil cassé en se coinçant le pied. Maud Fontenoy aurait pu rêver meilleures conditions pour entamer son tour du monde à l’envers. Mais la jeune femme n’est pas du genre à se plaindre. Jeudi midi, au cours de la vacation avec son PC terre basé au Musée de la Marine à Paris, en présence de nombreux enfants, Maud annonce sa blessure au pied comme elle vient d’expliquer le bonheur d’être en mer. Sans fioriture. Pas un mot sur la gêne ou la douleur que cela occasionne en permanence. Elle est déjà passée à autre chose, parle des variations du vent qui l’obligent à beaucoup manœuvrer. Les différences avec ses précédents défis ? « A la rame, il était possible de m’arrêter pour faire une pause. Sur le monocoque, ce n’est pas possible de s’arrêter. Il faut tout le temps suivre ce qu’il se passe. Ce n’est pas toi qui décide que le vent monte et qu’il faut aller manœuvrer. La taille du bateau fait que je ne me sens pas plus en sécurité que sur mon petit bateau à rame. »

Elle savait que cette première semaine de mer serait difficile. Son bateau est physique, mais elle s’en est fait une raison. « C’est sûr que le précédent propriétaire* était plutôt taillé comme un déménageur. Moi, je dois énormément anticiper pour ne pas me faire surprendre. J’ai encore un peu de mal à prendre mes marques. » Mais il faut avancer, coûte que coûte. Dans sa cellule de vie de 3 m3, elle essaye de dormir par tranche d’une heure. Autour d’elle, tous les instruments de navigation bien sûr, mais aussi des dessins et nounours offerts par des enfants avant le départ, ainsi qu’une photo de classe d’une école qui suit son périple. Une école de Meaux, en région parisienne, d’où est originaire Maud. Avec sa voix battante et enjouée, elle raconte son quotidien aux enfants venus l’écouter. « Il pleut des cordes, il y a 20 nœuds de vent et L’Oréal Paris avance à 10 nœuds au près, très gîté. J’espère atteindre mon premier cap, Bonne-Espérance, dans une dizaine de jours. » Au Musée National de la Marine, le livre d’or est déjà plein de messages d’encouragement pour Maud. Et pourtant, cette aventure ne fait que commencer…

_______________________________________________________Laurence Dacoury______________

Cyberpresse.ca

La navigatrice française Maud Fontenoy fait son entrée dans le «Who's Who in France» 2007, la bible des personnalités. Jean-François Guyot AFP

vendredi 20 octobre 2006 - Jour J+5 - Grains

Dédié à Frédéric Maire

A peine ai-je le temps de rouvrir les yeux que le ciel se couvre déjà de suie et que le vent reprend se charge. En quelques minutes il souffle à plus de 20 Nœuds sur l'Oréal qui se trouve aussi surpris que moi. Les muscles tendus, je me précipite pour rentrer la toile. Le génois (voile d'avant aussi grande que la grand voile) fait des siennes. Il se gonfle tant que j'ai beau mettre toutes mes forces sur le winch, il résiste.

Le vent tourne, le bateau gîte, il faut virer de bord. Je file à l'avant prendre un ris. L'Oréal rechigne. Lui non plus n'aime pas les surprises. En une heurs nous sommes sur le bon cap et filons à dix Nœuds. Il pleut à torrents, je suis en sueur ? Je me réfugie à l'intérieur pour m'éponger, tremblante de peur.

Dehors la pluie fait fumer la mer, l'horizon se masque, nous avançons vers le Sud-est. Il est 4 heures du matin.

Je vous embrasse, Maud

P.S. : Un geste pour la planète. Je préfère la douche au bain. Prendre une douche plutôt qu'un bain c'est diviser au minimum par trois sa consommation d'eau : ce calcul est valable si le robinet est coupé pendant que l'on se savonne et que l'on ne prolonge pas inconsidérément le plaisir de la douche.

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[20 octobre 2006]
Maud galère mais garde le moral

De mauvaises conditions météorologiques, un orteil cassé lors d’une manœuvre, quatre jours après avoir quitté La Réunion, Maud Fontenoy continue à apprivoiser l’Oréal Paris.
La navigatrice se trouvait hier après-midi au sud de Madagascar ayant parcouru environ 700 milles. Elle espère doubler le Cap de Bonne-Espérance dans une dizaine de jours

Quatre jours après avoir largué les amarres de la Pointe-des-Galets, l’Oreal Paris affronte des conditions météorologiques difficiles. Lors du contact radio établi en début d’après-midi hier, le voilier avançait à 10 nœuds avec un vent de 30 nœuds sous un ciel bouché et il tombait des cordes. Installée dans sa minuscule cabine sur ce bateau immense, entourée de dessins d’enfants et de nounours confiés avant le départ, Maud est visiblement heureuse d’établir cette liaison avec la terre ferme. “Je suis contente de vous entendre, cela brise la solitude de ces premiers jours un peu difficiles. On fait aller. Le bateau est un peu physique. J’ai du mal à prendre mes marques. En quelques heures je suis passé de tout à rien. Je me suis retrouvée les pieds sur terre face à la réalité après la fébrilité des préparatifs des derniers jours. Le corps n’a pas suivi. Il se rebelle face aux efforts que je lui impose. Ce n’est pas une surprise. Il faut juste passer le cap dans la tempête.” La météo n’a pas facilité les choses à Maud. “Après le départ fabuleux de La Réunion, je me suis retrouvée toute seule sur le bateau avec des conditions de vent qui dès le début ont été fortes et j’ai été tout de suite mise dans le bain. Ça n’a pas été facile. J’ai passé les premiers jours à vomir. Je ne me nourris depuis le départ que de liquides en petites bouteilles de l’hôpital. Ce n’est pas très bon mais cela me permet d’avaler quelque chose.Pour le sommeil je dors par tranche d’une heure. J’ai très peur de rencontrer des cargos ou des porte-conteneurs surtout aujourd’hui au large de Madagascar.” Maud apprivoise petit à petit l’Oréal Paris. “Le bateau est très grand, très puissant, très physique. C’est pour moi une mise à l’épreuve. Il faut faire les manœuvres dans la rapidité quand le vent souffle fort et change de direction. J’ai des bleus partout. Je subis un petit peu, mais dans quelques jours ça ira mieux. Je m’attendais à souffrir et je me dis chaque soir qu’un petit bout du défi a été réalisé.”

l’orteil cassé

Et déjà, un premier bobo. “Je me suis cassé un orteil en me coinçant le pied. Le bateau pardonne peu les erreurs. J’essaie de faire au maximum attention. Les manœuvres ne sont pas simples, le bateau est très grand. Je me suis un peu coincé le pied sur le pont en courant pour aller ramasser un bout et descendre la voile car le vent forcissait. Ce n’est pas trop grave. Le corps se révolte, il n’est pas tout à fait d’accord sur ce que je lui impose mais je savais que les premiers jours seraient durs. J’ai beaucoup pleuré. J’espère que les conditions météorologiques vont s’améliorer.” Maud reçoit un fichier météo toutes les 48 heures. “Mais, le ciel est toujours imprévisible. Tout à l’heure j’ai pris un coup de vent subit et j’ai dû courir partout. Contrairement à mes traversées à la rame où je pouvais m’arrêter, ici le bateau avance tout le temps. Il faut suivre le rythme, être toujours prête quand le vent forcit à réduire la voilure ce qui me demande une bonne heure.” En dépit de ces difficultés, Maud conserve le moral et le sens de l’humour. “Quand je suis au creux de la vague, j’appelle maman à terre et je lui raconte ce que j’ai. C’est aussi efficace qu’un médicament.”

Alain Dupuis

samedi 21 octobre 2006 - Jour J+6 - Répit

Dédié à Justine EDMOND

Sur le pont, venus pendant la nuit superbe, je trouve des poissons volants d'un vingtaine de centimètres aux couleurs bleues électriques ; rappel rassurant que les icebergs sont encore loin. Le soleil transperce les nuages et vient faire scintiller l'océan qui construit aujourd'hui tout mon univers.

La température s'est rafraîchie depuis mon départ de La Réunion. Je suis maintenant en polaire mais par bonheur le froid du Sud ne m'a pas encore fait prisonnière ; mes gants et bonnets restent bien rangés. L'horizon enfin dégagé m'offre mes premières sensations de liberté en mer.

A la barre de L'OREAL j'observe, pensive, les tout premiers bastions des dépressions qui passent en dessous de nous. Aujourd'hui, c'est décidé, je m'ouvre une boite de saucisses boucanées aux lentilles.

Je vous embrasse, Maud

P.S. : Un geste pour la planète. Je coupe la veille des appareils électroniques. Chaîne hi-fi, magnétoscopes, lecteur DVD, téléviseur, ordinateur, antenne parabolique… Les appareils électriques restent souvent branchés 24h sur 24. Les veilles consomment 150 à 500 kWh par ménage et par an, soit la consommation d'un réfrigérateur sur la même période ! ASTUCE : Couper toutes les veilles est facile : il suffit de brancher les appareils concernés sur une multiprise à interrupteur.

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dimanche 22 octobre 2006 - Jour J+7 - Rencontre

Dédié à Jean DANIEL

C'est en milieu de journée, alors que je me languis de trouver des vents favorables pour poursuivre ma route, qu'il est sorti de derrière les nuages : un gros bateau de pêche de couleur bleue, aux allures de navire fantôme, qui fait cap dans ma direction. Ces rencontres me plongent toujours dans l'inquiétude ; vulnérable, vraiment seule, voilà ce que je ressens face à eux. Me précipitant avec à chaque fois la même ardeur pour masques mon allure de femme, j'enfile ma casquette, lunettes et ciré et prie pour pour qu'ils ne s'aperçoivent pas que je suis seule.

Les minutes sont longues, ils rasent L'OREAL, je baisse la tête et poursuis ma route.

A demain.
Bisous, Maud
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dimanche 22 octobre 2006 - Jour J+7 - Première semaine de mer

Maud Fontenoy a pris la mer il y a une semaine pour son tour du monde par les trois caps contre les vents et les courants. Après avoir quitté la Réunion, la navigatrice fait route vers Bonne Espérance, à la pointe sud de l'Afrique. En 7 jours, il aura fallu encaisser l'émotion du départ et l'adaptation à l'univers maritime et à la solitude.

Premières blessures, des larmes, premières peurs mais aussi premiers émerveillements, premières joies, premières sensations! de cette liberté incomparable qu'offre la mer. Maud Fontenoy et l'Oréal Paris glissent sur les flots avec en ligne de mire le cap de Bonne Espérance que la navigatrice pense atteindre d'ici une semaine. ''Je suis au tiers du parcours entre la Réunion et ce point mythique'' disait Maud jeudi dernier lors de la première vacation radio de son aventure à contre courant. Deux jours de mer plus tard la navigatrice avait laissé Madagascar dans son sillage.

Au lendemain de son départ c'est d'abord avec une petite voix qu'elle répond à l'appel téléphonique de son équipe. Puis d'un coup, retour de la ténacité qu'elle dégage habituellement. Maud raconte sans détours la nostalgie qui l'anime quand elle repense aux images de son départ, les enfants venus lui dire au revoir, ''les centaines de coups de fil, les milliers de personnes sur les pontons. Et! une heure après j'étais toute seule''. Premières heures de course et premier coup de vent dans la nuit. Maud n'aura pas mis longtemps à entrer dans son défi. Le corps souffre, ''je suis couverte de bleus gros comme le poing et je me suis cassé un orteil. Je n'arrive pas à m'alimenter''. La météo ne lui laisse pas de répit. ''Il pleut à torrent, ça fait fumer la mer'' raconte Maud. Mais malgré cela le moral est bon. Elle avait prévu le spleen passager de ces premiers jours, emmagasinant tout ce qu'elle pouvait de positif à Terre pour mieux surmonter ces moments déjà vécus lors de ses traversées de l'Atlantique Nord et du Pacifique à la rame. '' Ce qui change avec ce type d'aventure c'est qu'à la rame je devais m'arrêter, faire des pauses. Sur le monocoque ce n'est pas possible. Il faut tout le temps suivre ce qui se passe. Ce n'est pas toi qui décide quand le vent monte et qu'il faut al! ler manoeuvrer.'' Maud tente d'installer son rythme de sommeil. Des tranches d'une heure dans sa petite cellule de vie où des dessins d'enfants, la photo d'une classe de Meaux, sa ville natale, viennent regonfler son moral.

Les jours passent, le ciel se dégage, il commence à faire plus froid. Le sourire semble s'élargir sur le visage de Maud, il permet de relativiser. ''Pour mon pied je ne fais rien. Enfin si des fois j'appelle Maman pour lui dire ce que j'ai, c'est plus efficace qu'un médicament'', explique la navigatrice avec humour tout en racontant les marques qu'il faut trouver sur ce bateau dont ''l'ancien propriétaire était taillé comme un déménageur''. Le plaisir tant recherché dans cet Everest du marin s'installe un peu plus sûrement chaque jour. ''L'horizon dégagé m'offre mes premières sensations de liberté en mer'', raconte Maud émerveillée, en polaire à la barre. ''Je m'en gorge à en être ivre de ce moment de paix et de cette lumière paisible qui réchauffe mon corps''. L'appêtit est de retour, bon signe. ''Aujourd'hui c'est décidé je m'ouvre une boîte de saucisses boucanées aux lentilles'', conclut elle samedi soir, à la fin du journal de bord qu'elle transmet quotidiennement à son équipe à terre. La barre des mille milles nautiques parcourus est maintenant dépassée.

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lundi 23 octobre 2006 - Jour J+8 - Grâce

Dédié à Antoine FRET

La mer s'étale, s'étire, pleine d'une gracieuse paresse, s'allonge jusqu'à ne plus ressembles qu'à un drap à peine froissé. Le ciel d'Azur a lui aussi pris ses aises et semble aussi imperturbable, paisible qu'un jour d'été en Provence. Le soleil a, peint devant lui un chemin de diamants. Emus, l'Oréal et moi, restons silencieux pour ne rien brise de ce moment offert.
Le regard perdu je tente de percer le secret de ce grand bleu et ne peut m'empêcher d'avoir le cœur et la gorge serrés en pensant aux prochains jours qui m'attendent.
Je sais que je ne dois pas m'habituer à cette douceur. " Pa moli ! " comme on dit en créole

Je vous embrasse, Maud
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Lu sur le site de Maud

Le lundi 23 octobre 2006 à 13:51, par yasmine la fille au joli yeux(et maman)
pas de question ...juste une pensée

tu as mis des étoiles dans nos yeux d'enfants
merci
tu nous a appris a apprivoiser nos peurs....pour aller au Défi
merci
tu es venu dans ce petit bout de monde.. dans notre île perdue.. méconnue et boudée par certains
merci tu as mis de la joie dans mon cœur et celui de mes camarades
merci
je te souhaite de vivre ton rêve...
de le savourer et de connaître un jour le bonheur à travers les yeux pétillants de tes propres enfants
MERCI

Maud Fontenoy et les 2.000 chevaliers
Publié dans l'édition du lundi 23 octobre 2006

23/10/10
MER & MARINE : Maud Fontenoy se blesse légèrement au sud de Madagascar

mardi 24 octobre 2006 - Jour J+9 - A grande eau

Journal dédié à Monique WILLEMIN

Je regarde le thermomètre : l'eau est maintenant à 18°, je préfère ne pas attendre plus longtemps, c'est parti, je me lave !

D'ici quelques semaines à peine je sais que je regretterai ces quelques degrés qui me font frissonner aujourd'hui. J'ai beau avoir de bons produits à bord, les seaux d'eau de mes restent ce qu'il y a de plus spartiate, mais brossée, épilée, parfumée (même si ça peut faire sourire) je me sens mieux.

Le vent a repris ses droits, il souffle à23 Nœuds et nous filons au près à 12 Nœuds. Cela va presque trop vite pour moi ! Les vagues commencent à couvrir le pont de L'OREAL.

Je m'accroche. .
Bisous, Maud
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mercredi 25 octobre 2006 - Jour J+10 - Galére

A toute l'équipe de la Marine Nationale de la Pointe des Galets

Après avoir passé plus de deux heures à bidouiller, à faire tous les test inimaginables sur mon ordinateur pour qu'il fonctionne de nouveau, on comprend finalement que c'est un problème de satellite (plus précisément en Arizona), il faut attendre qu' "ils " réparent.

A peine le temps de ravaler mes inquiétudes que je suis amenée à sauter en 4éme vitesse sur le pont, ou plutôt dans la grand voile, pour réparer à nouveau les fixations de voile au mat. Encore des problèmes de chariots.

J'en ai pleuré de n'avoir pas la force de manier cette toile immense.

Et puis, la tête dans les outils, les mains pleines de graisse, à force de patience, j'y suis enfin arrivée.

Je croise les doigts pour que ça ne se reproduise pas, pourtant j'y crois à peine ; les chocs dus aux vagues sont si violents que les vibrations font forcément de dégâts sournois.
Demain est un autre jour.

Je vous embrasse, Maud __________________________________________________________________________________

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jeudi 26 octobre 2006 - Jour J+11 - Elle arrive

Le journal d'aujourd'hui est dédié à toute l'équipe du SAINT ALEXIS

Le vent forcit petit à petit. L'OREAL prend de la vitesse, j'ai réduit la voilure, le ciel se couvre. Anxieusement, nous attendons tous les deux la dépression qui approche. On annonce des vents de 41 Nœuds. Je me force à garder le sourire, ce n'est pas facile. Je sais que les vents seront contre le courant, la mer va être forte, pourtant je sais qu'il faut y passer. Pour me donner du courage, je pense à ceux qui sont passés avant moi ; c'est que cela doit être possible !

Portez vous bien.
A demain

Maud
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vendredi 27 octobre 2006 - Jour J+12 - Du calme à la tempête

Le journal de bord d'aujourd'hui est dédié à mes petits héros de l'hôpital Avicenne.

Voilà à quoi ressemble ce passage du Cap de Bonne Espérance : des dépressions plus grosses les unes sue les autres qui se succèdent, alternées par des zones de calme plat où L'OREAL secoué par la forte houle se transforme en un culbuto flottant.

Je serre les dents dans les vents violents, tente de faire avancer au mieux le bateau contre les vagues et l'instant d'après, les voiles faseyent par manque de vitesse.

C'est à devenir fou, j'ai les nerfs à vif. C'est un supplice qui n'en finit pas. Ce matin pourtant, pour me redonner le sourire, une dizaine de calamars (de 10 à 15 cm) ont envahi le pont et m'encouragent à rouvrir mes yeux sue le bleu mystérieux qui m'entoure dans lequel je puise mon énergie.

Je vous embrasse, Maud ______________________________________________________________________

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[27 octobre 2006]
L’Oréal Paris franchira le Cap de Bonne Espérance en fin de semaine

Voilà bientôt deux semaines que Maud Fontenoy et l’Oréal Paris ont appareillé de La Réunion. Après avoir affronté du mauvais temps, la navigatrice a dû résoudre des problèmes techniques. Maud espère doubler le Cap de Bonne Espérance à la fin de la semaine ou au plus tard au début de la semaine prochaine.

Mauvaises conditions météorologiques, soucis techniques sur la grand-voile et avec son ordinateur, les deux premières semaines de navigation n’ont pas été de tout repos pour Maud Fontenoy. En prenant le micro hier pour la deuxième vacation radio de son périple à contre-courant, la navigatrice laissait percer la satisfaction de celle qui est parvenue à surmonter ces premières difficultés.

“JE PRIE LE GRAND UNIVERS”
“Ces derniers jours, j’ai eu quelques petits soucis avec le bateau. J’ai des courbatures un peu partout. J’ai dû monter dans la grand-voile pour aller réparer les chariots qui accrochent la grand-voile au mât. J’ai dû faire des acrobaties toute la journée d’hier pour réparer et changer quelques pièces. Ce n’est pas tout à fait mon domaine privilégié. Mon ordinateur est tombé en panne. Le reste de la journée je l’ai passé à régler ce souci. Finalement cela s’est bien terminé. La voile est de nouveau sur son rail et l’ordinateur fonctionne aussi. Apparemment, c’était un problème de satellite. Ce matin le bateau a repris sa bonne route en direction du Cap.” La réparation sur la grand-voile s’est révélée particulièrement délicate à réaliser. “J’ai commencé à sortir tous les outils, à préparer le matériel de rechange, confie Maud. Quand le bateau bouge ce n’est pas évident. J’ai fait le bilan de la situation, vu ce qui pouvait être changé avec ce que j’avais à bord. Cette grand-voile, elle est très grande, très lourde, très difficile à manier. Il a fallu l’affaler puis la remonter. J’ai dû monter sur la baume pour accéder à la partie haute de la voile. C’était un peu un jeu d’équilibriste. J’étais à califourchon là-haut à essayer de changer un axe pour rentrer la voile à nouveau. J’avais une clef de 10 dans la bouche, la pince multiple dans le pantalon. Çà n’a pas été très drôle. J’en ai un peu pleuré de désespoir. On serre les dents. On s’accroche. On prie le Grand Univers de nous laisser deux minutes de répit pour arriver à réparer. Après c’est forcément un grand soulagement. On est fier de soit, fier d’y être arrivé et en même temps très fatigué d’avoir tout donné. J’ai passé ma soirée à faire une prière au Grand Univers pour le remercier d’avoir réussi à terminer la réparation avant que le vent ne forcisse.” Avant de passer le Cap de Bonne Espérance à la fin de cette semaine ou au début de la semaine prochaine, Maud va affronter à nouveau de mauvaises conditions météorologiques.

MAUVAISES CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
“J’ai été prise ces derniers jours dans un anticyclone, un bout d’anticyclone de Sainte-Hélène qui a passé le Cap de Bonne Espérance et s’est coincé contre la côte. Une dépression se trouve à peine à quelques heures du bateau. Le vent va forcir d’ici une heure ou deux et peut-être atteindre plus de 40 nœuds. Le bateau va être très bruyant. Je vais taper dans les vagues. C’est vrai que j’appréhende un petit peu. J’espère que la tempête se passera bien, qu’elle s’évacuera le plus rapidement possible et que je n’aurai pas d’autres soucis sur le bateau.” Ce passage du Cap de Bonne Espérance, Maud va le vivre comme un moment clef de son périple. “Certes ce n’est pas un tiers du parcours, mais c’est le premier cap, c’est super-important. Les grosses étapes ce sont les passages des caps. Passer un cap en solitaire c’est un moment fort pour un navigateur. Je n’ai jamais passé un cap en solitaire. Je l’ai passé en équipage au mois d’août. Cela me fait bizarre de me retrouver toute seule. J’ai hâte de le franchir et de me retrouver dans l’Atlantique sur une route où j’aurai moins de souvenirs. Après ce sera direction le Horn, la plus grosse partie du projet avec un cap qui est très, très Sud.” Maud est tout entière concentrée dans la réalisation de son projet. “Si je vais au bout de ce défi ce que j’espère car si je commence à penser que je ne vais pas y arriver cela ne va pas me donner de l’énergie. Forcément je m’accroche pour faire ce tour de la planète. Après je rangerai les avirons et les voiles pour faire un bébé. Mon prochain rêve ce sera une vie de famille.”
Alain Dupuis

MAUD APPRIVOISE SON VOILIER
À bord de L’Oreal Paris, Maud a désormais pris ses marques. “Je commence à m’habituer au bateau. Aujourd’hui je m’alimente mieux que les premiers jours. Je recommence à me faire des plats lyophilisés. J’essaie de garder cette forme physique qui est super-importante pour arriver à gérer ce gros bateau. Pour le sommeil j’ai pris le rythme de me réveiller toutes les heures pour voir ce qui se passe dehors, contrôler les voiles. Parfois je suis réveillée plus souvent parce qu’il y a une inquiétude qui vous ronge un peu quand vous êtes sur un bateau lancé à pleine vitesse au milieu de la mer C’est le danger de rencontrer des cargos et des porte-conteneurs. En ce qui concerne mon état physique ces derniers temps ont été particulièrement fatiguant. J’essaie de récupérer au maximum quand le temps me laisse un petit peu de répit. J’essaie de soigner les petites blessures quand j’en ai, de boire beaucoup pour éviter des tendinites. Quand cela ne va pas du tout et que je mets à pleurer de désespoir en manœuvrant cet énorme winch j’essaie de penser aux enfants qui suivent cette aventure et à tous ceux qui réaliseront un jour leurs propres rêves. Les rêves ne sont pas toujours faciles à réaliser et il faut parfois se faire un peu violence. Je m’attendais à ce que ce soit différent de mes aventures à la rame. Une des grosses différences est que l’on ne s’arrête jamais. Le bateau est sans arrêt en mouvement. Il faut rester sans arrêt en éveil. On ne peut pas ni arrêter le bateau, ni s’arrêter. Il faut s’imposer un rythme et s’y tenir, anticiper au maximum les manœuvres. Si on fait des erreurs cela peut devenir très dangereux pour le bateau. Si il y avait un très gros pépin à bord, j’espère que j’aurai le courage de pouvoir dire : stop j’arrête et je reviens à terre. Mais, j’essaie de régler les problèmes les uns après les autres qu’ils soient techniques ou physiques. Mon problème de pied n’a pas été catastrophique sauf que j’ai la moitié du pied bleu et que je ressens des douleurs quand je marche sur le pont mais ce n’est pas si grave. Souvent, j’ai plus peur pour le bateau que pour moi."

REPÈRES
JEAN-PIERRE DICK AU BOUT DU FIL
Invité surprise de la vacation radio hier après-midi le navigateur Jean-Pierre Dick qui dimanche prochain prendra le départ de la Route du Rhum sur Virbac Paprec. Jean-Pierre Dick, qui affiche à son palmarès un Vendée Globe, a donné quelques conseils à Maud Fontenoy pour gérer les pépins techniques. “Quand quelque chose de cet ordre-là arrive, il ne faut pas agir dans l’urgence. Il faut se reposer. Ça paraît un peu extraordinaire de dire cela. Il faut partir à la réparation quand on est sûr de ce que l’on veut faire, de ce que l’on va faire. Comme un chirurgien il faut avoir des gestes précis. C’est l’enseignement que j’ai tiré du Vendée Globe. Tu es dans cet état d’esprit. Ça fait partie de la mer de savoir réparer son bateau. Il faut prendre le temps de bien faire les choses. De ne pas bâcler le boulot. On n’a souvent qu’un jeu d’outils, il ne faut pas le gâcher. Je me suis beaucoup fait peur, je n’avais qu’une scie et je savais que si je la perdais, ce serait catastrophique. On est obligé parfois de faire des acrobaties au-dessus de l’eau. La route est longue encore. Économise-toi, économise ton bateau. C’est les conseils que l’on peut donner d’ici. C’est toujours facile de donner des conseils à terre. La première fois qu’on a une avarie sérieuse on est toujours assez nerveux et puis petit à petit on apprend à être serein et à se dire je vais aller dormir, je vais réfléchir calmement à ce que je vais faire. Essayez de ne pas s’énerver, de ne pas faire de bêtises. C’est l’élément clef.”

LE CARNET DE BORD DE L’ORÉAL PARIS
Relevé GPS : 26 octobre 2006 - 12 h 30 TU (16 h 30 heure de La Réunion) Longitude : 31°5.68 Est Latitude : 35°54.64 Sud
Vitesse : 9.20 nœuds Cap : 239° Distance parcourue en 24 heures : 80 milles nautiques
Distance parcourue depuis le départ : 1 664 milles nautiques Distance restant à parcourir 23 232 milles nautiques.
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samedi 28 octobre 2006 - Jour J+13 - Dauphins

Journal dédié à Frank.

Nous sommes à nouveau en route et dans la bonne direction de surcroît. 30Noeuds de vent constant, mer forte, et le Cap se rapproche à grand pas.

Hier, pour fêter le retour d'Eole, plusieurs dauphins sont venus furtivement saluer pour la première fois L'OREAL. Calés à l'étrave, ils offrent quelque joyeuses cabrioles avand de retourner vers les profondeurs.

Aujourd'hui je déguste l'un des trois ananas Victoria que j'ai embarqués. Sa saveur sucrée me transporte un instant sur ma chère île de La Réunion faisant naitre de merveilleux souvenirs.

Gros bisous, Maud ____________________________________________________________________________

dimanche 29 octobre 2006 - Jour J+14 - Albatros

A toute l'équipe COSMEBELLE

Ce matin, aux premiers rayons du soleil une belle surprise m'attend.
L'aube se lève doucement quelques coups de pinceaux donnent au ciel de lueurs modorées. La mer reste agitée mais la voûte au dessus de moi n'en a que faire et m'offre minute après minute une superbe arabesque de couleurs qui semble s'éveiller avec moi.

C'est là que je les vois ; non ils sont deux.
Mes premiers albatros dansent dans l'azur naissant. Je les regarde, subjuguée par leur grâce et l'envergure de leurs ailes.
L'OREAL semble lui aussi ralentir pour mieux les admirer. Rêveuse, je pense à ces vastes oiseaux de mer qui semblent ne jamais s'arrêter de voler. Quelle belle leçon !

Je vous embrasse. Maud ____________________________________________________________________________

Deuxième semaine de mer

De la casse technique, des soucis informatiques : Maud Fontenoy a vécu 7 jours mouvementés mais elle poursuit sa route. La navigatrice, qui a quitté la Réunion le 15 octobre dernier, se trouve désormais au sud de l'Afrique avec, en ligne de mire, le premier des trois caps prévus dans l'itinéraire de son tour du monde contre les vents et les courants.

Objectif Cap de Bonne Espérance.
Si tout se passe bien, le passage de ce point mythique s'effectuera en début de semaine pour l'Oréal. Maud Fontenoy a laissé derrière elle la Réunion et Madagascar. Ce samedi, dans le journal de bord qu'elle envoie quotidiennement à son équipe, Maud racontait sa joie ''de déguster l'un des trois ananas Victoria embarqués avant le départ''. Il y'avait des dauphins autour de l'Oréal, joueurs, rivalisant avec l'étrave avant de replonger vers les profondeurs. Epilogue souriant d'une semaine pas simple à négocier.

Mercredi, Maud appelle la Terre. Elle n'a plus d'informatique à bord. Ce qui veut notamment dire plus d'accès aux fichiers météo même si il reste le téléphone pour communiquer. A Terre, on se met en branle pour trouver une solution mais les minutes passent, il faut tenter de rester calme même si l'énervement gagne du terrain. ''Après avoir passé plus de deux heures à bidouiller, à faire tous les tests sur mon ordinateur pour qu'il fonctionne à nouveau, on comprend finalement que c'est un problème de satellite, plus précisément en Arizona'', raconte Maud. ''Il faut qu' 'ils' réparent''. Mission finalement accomplie mais pas de répit pour autant. Maud sort de sa cellule de vie, caisse à outils à la main. Car à l'extérieur, il y a également des difficultés. ! ''Encore un problème de chariot de grand voile'', explique la navigatrice. Elle doit alors monter dans le mât pour remettre les choses en ordre. ''C'est une voile très grande, très lourde. J'en ai pleuré de désespoir mais en prenant mon temps j'ai réussi à réparer.''

Le lendemain L'Oréal a retrouvé sa vitesse de croisière. Maud son sourire. A la vacation radio qu'elle honore tous les jeudis avec son équipe à Terre, la navigatrice explique les courbatures qui lui font mal. Son pied ''tout bleu'', témoin de l'orteil qu'elle s'est cassée la première semaine et le gros temps qui arrive sur son embarcation. ''Mais ce n'est pas grave. J'ai plus peur pour le bateau que pour moi''. Comme chaque semaine des Petits aventuriers ont pris le chemin du Musée de la Marine à Paris pour écouter les récits de Maud. ''Quel plaisir est-ce que tu prends en mer ?'', demande l'un d'eux. Maud décrit alors les instants de bonheur qui compensent la difficulté, ''des moments plus grands, plus forts, cette liberté incroyable. On se sent fort quand on est au milieu de la mer et qu'on vit complètement son r&ecir! c;ve''. Quelques jours auparavant, Maud racontait le paysage magique qu'une mer calme et douce lui avait offert juste avant les difficultés. ''Le ciel d'Azur a lui aussi pris ses aises et semble aussi imperturbable, paisible qu'un jour d'été en Provence. Le soleil a peint devant lui un chemin de diamants. Emus, L'Oréal et moi restons muets pour ne rien briser de ce moment offert''. Avant de raccrocher, Maud livre un dernier message aux skippers de la Route du Rhum qui ont pris la mer ce dimanche. ''Je penserai à eux, en particulier pendant la nuit''.

Puis retour rapide au passage du Cap de Bonne Espérance. ''Voilà à quoi ça ressemble : des dépressions plus grosses les unes que les autres qui se succèdent, alternées par des zones de calme plat où l'Oréal, secoué par la forte houle, se transforme en un culbuto flottant''. Le Cap des tempêtes, surnom de Bonne Espérance, ne tient pas sa réputation par hasard.

lundi 30 octobre 2006 - Jour J+15 - Cap des Tempêtes

50 Nœuds de vent, des conditions de mer très difficiles. Maud va bien mais elle doit rester très concentrée sur sa navigation.
Impossible pour elle de livrer ses impressions ce lundi.

Il n'y aura donc pas de journal de bord. Mais rendez vous ce mardi. Maud vous racontera la suite de ses aventures sur la Route du Cap de Bonne-Espérance dès que possible.

mardi 31 octobre 2006 - Jour J+16 - Dur, Dur.

Dédié à Guillaume DELORT

Journée difficile au Cap de Bonne-Espérance ;50 Nœuds de vent, 5 à 6 mètres de creux ; L'OREAL tape contre les vagues de face ; j'encaisse. Rien de tout cela n'était prévu. Le bateau est su-toilé, nous gitons énormément. Submergée par les flots qui balayent le pont, je prend un ris en vitesse, il pleut à verse, l'eau me coule dans le dos, je suis gelée.

Au moment de virer, l'écoute de trinquette se coince, la tension est énorme. En quelques secondes, le vent devenu fou fait battre violemment les écoutes qui me frappent les mains et l'avant bras. Je tire de toutes les forces sur la toile pour la faire descendre. Tremblante de peur, je constate que le pouce de ma main gauche ne répond plus, il devient bleu, la douleur me lance. Le dessus de ma main droite est dans le même état. Des larmes de fatigue me viennent mais il faut d'abord penser au bateau. Je termine ma manœuvre.

Quarante cinq minutes après, réfugiée dans ma cabine, je me pose une attelle et un bandage, anti-inflammatoire et paracétamol, il semble qu'il n'y ait que cela à faire. Dehors les seuls dégâts concernent l'éolienne tribord qui m'a lâchée. Bien sur j'en ai une de rechange mais il va falloir du calme pour que je me hasarde à faire du bricolage à l'arrière. Je pense à vous et aux messages sur le livre d'or pour me donner du courage. Epuisée, le vent ne baissant pas, il faut que je me repose.

Comme disait mon Grand-père : "A chaque jour suffit sa peine ".

Je vous embrasse. Maud ____________________________________________________________________________

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