Hier, à13H00 TU, une vague latérale, c'est à dire à 90% de l'axe du vent a fait chavirer LADY GINIE, le bateau d'Emmanuel Coindre."Quand je la vois, je sais que je vais aller au tas.". Il tombe alors à la mer et le bateau se couche sur le côté. Hélas, le panneau est ouvert, le petit aérateur également et l'eau envahit le compartiment arrière. Fait aggravant, Emmanuel a matossé à l'arrière, le canot ne se redresse pas. Il réussit à plonger pour récupérer sa balise et le CROSS est alerté. L'équipe de recherche le localise rapidement. Fort heureusement une frégate de la Marine Nationale se trouve à moins de trente milles. Trois heures plus tard Emmanuel Coindre est à bord du "Germinal".
Heure par heure
14h34 : la balise Argos d’Emmanuel Coindre se déclenche en mode assistance.
Le centre de Collecte et de Localisation Satellite (CLS Argos ) à Toulouse informe qu’il faut attendre confirmation du mode assistance de la balise.
16h : CLS Argos confirme que le skipper a confirmé a demandé de l'aide en enclenchant une nouvelle fois le mode assistance de sa balise.
18h : Michel Horeau, organisateur de la course prend contact avec le Cross Gris Nez (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage) chargé d’organiser les secours des navires français dans les eaux internationales.
Il est immédiatement demandé au Columbus de rejoindre la zone. Il se trouve à plus de 200 milles de la position d’Emmanuel Coindre.
19h Le Cross Gris Nez localise un navire de la Marine Française. La frégate Germinal se trouve à 30 milles dans le sud du navire d’Emmanuel. La balise continue de transmettre les positions correctement. L’organisation lève aussitôt le secret des positions pour qu’elles soient directement transmises vers la frégate.
A 20h La frégate informe qu’Emmanuel Coindre a été secouru. Il est sain et sauf et se trouve bord du navire. Celui-ci reste sur zone pour tenter de récupérer le bateau. Après quatre tentatives, Lady Ginie est finalement déposé sur le pont de la frégate à 1h du matin.
Entre temps, à 23h45, Michel Horeau peut prendre contact avec Emmanuel qui explique qu’il a chaviré. Une vague de 7 mètres l’a surpris par le travers alors que la situation météo était clémente (20 nœuds de vent). Il donne également les éléments suivants :
Le panneau du compartiment avant (stockage) était grand ouvert
Les petits hublots d’aération de la cabine arrière étaient ouverts
Du matériel avait été déplacé à l’arrière du navire pour matosser (l’alourdir).
Lorsque le bateau s’est couché sous l’influence de la vague, le matériel chargé à l’arrière s’est déplacé sur le côté, empêchant l’embarcation de se redresser, et lui permettant de se remplir d’eau. Emmanuel, projeté à la mer, n’a pas eu le temps de fermer les capots. Il a rapidement compris que plus rien ne pouvait être fait et il a déclenché le mode assistance de sa balise Argos.
La frégate Germinal fait actuellement route vers le nord avec le rescapé. Il expliquait son chavirage dans un mail ce matin:
"Juste après ma vacation avec mes parents, à peine 10 minutes après avoir repris les avirons, aux environs de 13H30 (H. françaises) j'ai pris une vague pyramidale sur le côté. Comme c'était toujours un régime de vent de Nord/Est, 15 à 20 noeuds, je ramais 3/4 ou travers aux vagues pour attaquer au maximum, pour mieux passer les vagues, comme j'ai toujours fait avec mon ancien petit canot. Je l'ai vu arriver cette vague pyramidale, une grosse vague raide qui a claqué juste sur nous, je n'ai rien pû faire, je l'ai pris sur le côté. Le bateau s'est carrément couché, violemment, et j'ai été éjecté hors du bateau (c'est dire la force de cette vague, j'ai même cru que mon bateau était cassé), la soute à l'avant était ouverte (le panneau derrière moi) et il a commencé à se remplir au niveau de la soute. Je suis revenu très vite sur le bateau, complètement couché sur le côté, il y avait aussi un petit hublot de la cabine qui était ouvert, l'eau s'y est engouffrée doucement, et je n'ai jamais réussi à le remettre à l'endroit. Ca va vite, trop vite.
Impossible de le bouger, à l'envers, et aucune autre vague pyramidale pour m'aider dans la manoeuvre. Quand j'ai compris que je n'y arriverai plus, j'ai plongé sous le bateau, ouvert le panneau de ma cabine pour prendre ma balise de détresse et ce que je pouvais prendre, et je suis remonté sur le bateau à l'envers, resté tout l'après-midi et une bonne partie de début de nuit à attendre les secours. J'ai déclenché ma balise, voila, il n'y avait pas d'autre solution. Je suis naturellement plus que désappointé, mais je vais bien, et c'est l'essentiel.
Le navire "Germinal" de la marine nationale, qui faisait route vers Madère, est venu sur moi, à la nuit. J'ai expliqué au capitaine mon histoire, j'ai été réconforté, soigné, ensuite on verra à l'aube ce que l'on fait avec mon bateau, puisqu'ils restent sur zone pour la nuit."
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Sport.fr Emmanuel Coindre secouru au milieu de l'Atlantique
Mercredi 6 décembre 2006